Blanchard Dominique-Emmanuel | Vous

Dominique-Emmanuel Blanchard
VOUS

Roman

« Je crois que je n’ai jamais cessé de vous chercher, que je vous ai cherchée toute ma vie à travers vous et vous encore, je crois que j’ai tenté, follement, de prolonger cet amour que j’avais pour vous. »Vous, c’est elle, moi, nous, des femmes que l’on a aimées, à «chaque fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre ».

Parfois, on leur écrit des lettres qu’on se gardera d’envoyer jusqu’au jour où on en fait un livre...

120 pages | Format : 13,5 x 18,5

ISBN 978-2-37267-019-7

Parution : 25 août 2016

Prix public : 12 euros (version papier)

Prix public : 5,99 euros (version numérique téléchargeable)

> Acheter ce livre

Dominique-Emmanuel Blanchard

Photo : @ Richard Zéboulon

Des livres et vous par Cathy Galliègue Sur Francetélévisons | Guyane

Dominique-Emmanuel Blanchard a publié des romans, des essais et réalisé des films documentaires. Il est par ailleurs le fondateur des éditions Le Bord de l’eau.

Voir le site de cet auteur

Livres :

Contributions :

L’Extermination douce | de Max Lafont | BDL, 2003

Films-DVD

La Construction du bonheur par Robert Misrahi | 98’ | 2012
Regard sur le pays de Montaigne | 22’ | 2006
Elle s’appelle Michèle Delaunay | 37’ | 2007

Réalisations TV
Tambour Battant | avec Antoine Spire | Diffusion chaîne CINAPS

Critique de Denis Arnoud | Les lectures du Hibou | 8 août 2016

« Il y a si longtemps que je vous écris…

Si longtemps que je ne sais plus quand ça a commencé, ni où, ni avec qui. Je vous disais tu, bien sûr. Un tu unique, mais pas toujours le même. Je sais désormais que l’on n’écrit jamais vraiment à soi-même. Vous devez le savoir aussi je pense. Il y a si longtemps que nous nous connaissons, n’est-ce pas. Si longtemps que nous avons essayé de nous oublier aussi. Parfois nous y sommes parvenus. Parfois même nous ne nous sommes jamais revus. Parfois, nous nous sommes retrouvés, puis perdus, puis… »

A l’heure des bilans, un vieil écrivain convoque les souvenirs de ses amours perdues, il s’adresse aux femmes qui ont traversé sa vie dans de longues lettres. Des lettres qu’il n’a jamais envoyées mais qu’il a rassemblées dans un livre. Il les a toutes aimées, différemment, souvent mal, mais oui, il les a aimées.

Dans ses lettres il revient sur sa quête de l’amour, sur les échecs de ses relations. C’est pour prolonger ses amours défuntes qu’il les écrit.

« Je crois que je n’ai jamais cessé de vous chercher, que je vous ai cherchée toute ma vie à travers vous, et vous encore, je crois que j’ai tenté, follement, de prolonger cet amour que j’avais pour vous. »

Il est amoureux des femmes mais il l’est encore plus des mots, de la littérature. Les mots d’amour ne l’intéressent pas, il les trouve bêtes. Ceux de la rupture sont plus intéressants pour l’homme de lettres qu’il est.

« Les mots de l’amour sont très bêtes eux aussi. Très pauvres. Les mots riches c’est quand on s’est quittés. On se quitte peut-être pour ça : pour retrouver les mots, pour retrouver son imaginaire, pour mourir en paix. Je me dis cela. »

Avec « Vous », j’ai découvert une plume magnifique, envoûtante. Dominique-Emmanuel Blanchard fait vibrer les mots, ils nous ensorcellent, nous émeuvent. On aimerait être les femmes à qui ils sont adressés. Amoureux des beaux textes, je ne peux que vous conseiller de vous laisser tenter par ce livre. Un moment de grâce littéraire.

« Au mur, il y a cette photo que j’ai prise, de vous, il y a trente ans. Je ne me souvenais pas que vous fussiez si jolie. Vous l’êtes encore. Vous le serez toujours ; vous êtes de ces beautés pour qui le temps y va doucement, sans ravages profonds. Je vous regarde, je ne le faisais plus. J’avais oublié que nous avions passé la moitié de notre vie ensemble. Je ne connaissais plus rien de vous : qu’une présence qui ne m’interrogeait plus. »

Publié par Denis Arnoud

Critique Cathy Galliègue | 4 août 2016 | La Toile cirée

Si je devais être quittée un jour, que ce soit avec amour.

Voilà ce que j’ai ressenti en refermant ce livre.

Ce « Vous », c’est moi, toi, elle. Toutes les femmes qui ont été aimées follement et souvent mal, car rien n’est pire que d’être « bien aimée. »

Filer quand l’amour est encore vivant mais qu’il s’essouffle, ne pas vouloir assister à sa mort annoncée, partir alors qu’on aime encore mais peut-être plus assez. Ou partir pour souffrir et pouvoir écrire cette souffrance.

Écrire à l’autre, à Vous, que l’acte de partir est un acte d’amour ultime, une élégance, un respect.

"Vous me dites que vous voulez être adorée, clouée au ciel. Mais vous n’avez sans doute pas vu quand je vous aimais à genoux, à n’en pouvoir respirer. Vous étiez trop occupée. Vous vouliez tout garder. Vous n’avez pas compris que c’était cet amour et rien d’autre. Qu’il prenait toute la place, qu’il n’était pas là pour vous rassurer. Vous ne saviez pas. Ou si vous avez su peut-être n’était-ce pas supportable."

Évidemment, vous donner mon avis sur ce livre découvert quand il était encore un manuscrit caché au fond d’un tiroir est délicat. J’ai été émue au point de parvenir à convaincre son auteur de le faire publier.

La plume est d’une finesse exquise mais sans jamais verser dans la sensiblerie, et le huis clos s’installe. Une voix me parle, vous parle, un tête-à-tête troublant, touchant, on entre en confidence avec l’homme. À se demander qui de la femme ou de la littérature il a aimé le plus.

À se demander s’il n’a pas quitté pour pouvoir enfin, dans une sorte de liberté illusoire et aliénante, écrire ces lignes.

Publié par Cathy Galliègue